7 Minutes

Édité et examiné médicalement par THE BALANCE Équipe
Fait vérifié

Dans le contexte actuel où la santé mentale suscite un intérêt croissant, il est crucial de mettre en lumière les troubles moins connus qui impactent le bien-être des personnes. L’une de ces conditions est la mythomanie, ou mensonge pathologique.

Ce trouble peut engendrer des problèmes significatifs dans les relations personnelles et professionnelles, ainsi qu’un sentiment d’isolement pour ceux qui en souffrent. Heureusement, il existe des solutions et des traitements pour aider ces individus.

La mythomanie, également connue sous le nom de mensonge compulsif ou pathologique, est un état psychologique caractérisé par un besoin incontrôlable de mentir, de créer des histoires et de présenter des informations fausses comme étant vraies. Ce comportement dépasse les mensonges ou exagérations occasionnelles. Les personnes atteintes de mythomanie élaborent souvent des récits complexes, où les mensonges deviennent centraux dans leur identité et leurs interactions interpersonnelles (1).

Ces personnes peuvent mentir sur leurs réalisations, expériences et relations, ou inventer des événements fictifs. Les motivations derrière la mythomanie varient, incluant le désir d’attention, de validation, ou comme mécanisme de défense pour dissimuler des insécurités ou des traumatismes passés.

Les psychiatres reconnaissent le mensonge pathologique depuis des siècles. Bien qu’il ne figure pas comme diagnostic officiel dans le DSM-V, il s’agit d’une condition réelle et troublante (2). Quelle que soit la raison derrière ces mensonges, il peut être déstabilisant d’en être la cible. Si quelqu’un dans votre entourage ment fréquemment, il est possible d’apprendre à identifier ses mensonges et lui offrir un soutien s’il décide de chercher de l’aide.

Les experts identifient quatre comportements clés lorsqu’ils cherchent à déterminer si une personne est atteinte de mensonge pathologique.

D’abord, ils observent la fréquence des mensonges : un menteur pathologique ment de manière répétitive et compulsive, souvent sans raison apparente. Ensuite, ils évaluent la complexité des mensonges : ces individus créent des histoires élaborées et détaillées, rendant leurs mensonges plus convaincants.

Ils analysent également la motivation derrière les mensonges : contrairement aux mensonges habituels, ceux des menteurs pathologiques ne visent pas toujours un gain immédiat ou tangible.

Enfin, les experts examinent les répercussions des mensonges sur la vie quotidienne de l’individu : ces mensonges entraînent souvent des conflits et des ruptures dans les relations personnelles et professionnelles, ainsi qu’un isolement social (3).

Les experts soulignent quatre principaux comportements pour déterminer si quelqu’un est un mythomane :

Un mensonge excessif :

Les mythomanes mentent plus fréquemment que la plupart des gens. Ils créent des histoires suffisamment plausibles pour être crues, puis ajoutent d’autres mensonges pour soutenir leurs déclarations initiales.

Les mensonges qu’ils racontent peuvent être extravagants et faciles à réfuter. Par exemple, ils peuvent faussement prétendre avoir reçu une récompense ou annoncer la mort de membres de leur famille qui sont toujours en vie (4).

Un mensonge sans raison valable :

Beaucoup de gens racontent de petits mensonges pour éviter des conséquences désagréables, comme prétendre qu’ils sont en retard à cause du trafic plutôt que d’avouer qu’ils ont trop dormi.

En revanche, les mythomanes n’ont pas de motivation évidente. Ils inventent des histoires qui ne leur apportent aucun bénéfice et qui peuvent même leur nuire lorsque la vérité est révélée.

Un problème à long terme :

Le mensonge pathologique s’installe généralement sur de nombreuses années, commençant souvent à l’adolescence et se poursuivant indéfiniment, touchant tous les aspects de la vie. Leur malhonnêteté devient souvent le trait le plus mémorable pour ceux qui les connaissent.

Un mensonge non lié à une autre maladie mentale :

Un mythomane peut également souffrir d’autres troubles mentaux tels que la dépression ou l’anxiété. Cependant, ces troubles ne sont pas la cause de leurs mensonges. Le mensonge pathologique est une condition distincte et non un symptôme d’une autre affection (5).

Reconnaître les signes et symptômes de la mythomanie peut aider à identifier les personnes atteintes de cette condition. Beaucoup de gens ont des signaux qui indiquent qu’ils ne disent pas la vérité. Cependant, il n’existe pas de moyen universel de détecter un mensonge. Au lieu de cela, il est important de prêter attention à chaque personne individuellement.

Certains indicateurs courants incluent une tendance persistante à mentir, la création de récits élaborés, des incohérences dans leurs histoires, et un manque de culpabilité ou de remords lorsqu’ils sont démasqués. On peut également observer une instabilité émotionnelle et des relations tendues (6).

Si quelqu’un ment régulièrement, il faut être attentif aux symptômes suivants :

Des histoires contradictoires :

Lorsqu’une personne ne dit pas la vérité, elle peut avoir du mal à maintenir la cohérence des détails de son récit. Une personne qui ment fréquemment finira par se perdre dans ses mensonges passés et les contredira. Si vous observez cela, il est possible qu’elle mente.

Des détails invérifiables :

Les menteurs peuvent ajouter des détails pour rendre leurs mensonges plus crédibles. Des recherches montrent que les menteurs pathologiques ont tendance à inclure des détails qui ne peuvent être vérifiés.

Des histoires trop dramatiques ou longues :

Les mensonges ont souvent un aspect dramatique et sont plus longs que la normale. Si une personne a souvent des anecdotes sur des situations excessivement dramatiques ou intenses, il est possible qu’elle mente.

Traiter ce comportement est complexe, aucun médicament ne peut le guérir. La meilleure approche est la psychothérapie, mais même cela peut être difficile. En effet, les mythomanes peuvent mentir à leur thérapeute au lieu de travailler sur leur comportement de mensonge.

Le traitement dépendra des besoins individuels et des réactions aux séances de thérapie. Trouver un thérapeute qualifié et expérimenté sur le long terme est essentiel pour gérer cette condition. Si une personne présente des symptômes de mensonge pathologique, il est important d’obtenir de l’aide (7).

Un soutien professionnel par le biais d’une psychothérapie peut aider le mythomane à :

Développer la confiance et les relations :

Un psychothérapeute compétent établira une relation de confiance avec la personne atteinte de mythomanie, créant ainsi un environnement sûr pour discuter ouvertement de ses expériences, de ses émotions et de ses défis, sans craindre d’être jugée.

Analyser les problèmes sous-jacents :

Lors des séances de psychothérapie, les causes profondes de la mythomanie sont examinées, comme les traumatismes non résolus, la faible estime de soi ou les difficultés à gérer les émotions. Identifier ces déclencheurs est essentiel pour comprendre et traiter efficacement la maladie.

Acquérir des stratégies d’adaptation :

Les psychothérapeutes collaborent avec leurs clients pour développer des méthodes saines permettant de gérer les impulsions liées à la mythomanie. En explorant d’autres moyens de gérer le stress et l’insécurité, les individus peuvent progressivement remplacer le besoin de mentir.

Renforcer la conscience de soi et l’estime de soi :

Grâce à la psychothérapie, les individus souffrant de mythomanie peuvent acquérir une meilleure compréhension de leurs comportements, de leurs émotions et des répercussions de leurs mensonges sur eux-mêmes et sur leur entourage. Une conscience de soi plus élevée favorise la croissance personnelle et contribue à développer une image de soi plus positive.

Développer les compétences relationnelles :

Lors des séances de psychothérapie, l’accent peut être mis sur l’amélioration des compétences en communication et en relations. Les individus peuvent cultiver des relations plus saines et plus significatives en apprenant à établir des liens authentiques et fondés sur la confiance.

La vie avec la mythomanie peut être une expérience difficile et isolante, mais il est important de se rappeler qu’il existe des possibilités de guérison et de développement personnel. La psychothérapie offre une approche compatissante et professionnelle pour aider les individus atteints de mythomanie à surmonter leurs défis.

(1) Dike, C. C., Baranoski, M., & Griffith, E. E. (2005). Pathological lying revisited. The journal of the American Academy of Psychiatry and the Law, 33(3), 342–349.

(2) Curtis, D. A., & Hart, C. L. (2020). Pathological Lying: Theoretical and Empirical Support for a Diagnostic Entity. Psychiatric research and clinical practice, 2(2), 62–69. https://doi.org/10.1176/appi.prcp.20190046

(3) Hare, R.D., Forth, A.E., Hart, S.D. (1989). The Psychopath as Prototype for Pathological Lying and Deception. In: Yuille, J.C. (eds) Credibility Assessment. Nato Science, vol 47. Springer, Dordrecht. https://doi.org/10.1007/978-94-015-7856-1_2

(4) Muzinic, L., Kozaric-Kovacic, D., & Marinic, I. (2016). Psychiatric aspects of normal and pathological lying. International journal of law and psychiatry, 46, 88–93. https://doi.org/10.1016/j.ijlp.2016.02.036

(5) Janssens, S., Morrens, M., & Sabbe, B. G. (2008). Pseudologia fantastica: definiëring en situering ten aanzien van as I- en as II-stoornissen [Pseudologia fantastica: definition and position in relation to axis I and axis II psychiatric disorders]. Tijdschrift voor psychiatrie, 50(10), 679–683.

(6) Grant, J. E., Paglia, H. A., & Chamberlain, S. R. (2019). The Phenomenology of Lying in Young Adults and Relationships with Personality and Cognition. The Psychiatric quarterly, 90(2), 361–369. https://doi.org/10.1007/s11126-018-9623-2

(7) Thom, R., Teslyar, P., & Friedman, R. (2017). Pseudologia Fantastica in the Emergency Department: A Case Report and Review of the Literature. Case reports in psychiatry, 2017, 8961256. https://doi.org/10.1155/2017/8961256

(8) Dike, Charles C. “Pathological lying: symptom or disease? Living with no permanent motive or benefit.” Psychiatric Times, vol. 25, no. 7, June 2008, p. 67. Gale Academic OneFile.  

FAQs