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Édité et examiné médicalement par THE BALANCE Équipe
Fait vérifié

La dépression est une maladie psychique courante pouvant considérablement affecter la vie quotidienne. Les manifestations de la dépression varient d’une personne à l’autre, et les individus dépressifs peuvent passer par différentes étapes de cette maladie.

Comprendre ces étapes peut faciliter la détection précoce des symptômes, encourager la recherche d’aide et améliorer la gestion de la maladie. Cet article détaille les cinq phases que traverse une personne dépressive et fournit des informations clés pour mieux appréhender ce trouble.

La dépression est un trouble de l’humeur se manifestant par une tristesse persistante pendant au moins deux semaines, accompagnée d’une perte d’intérêt pour les activités quotidiennes (1).

Elle dépasse les sentiments de tristesse occasionnels que chacun peut éprouver, se traduisant par une tristesse profonde pouvant s’accompagner de désespoir, de perte de motivation, d’une perception négative de soi et du monde, voire de pensées suicidaires.

La dépression peut avoir un impact significatif sur la vie quotidienne, entraînant des troubles du sommeil, une perte d’appétit et un isolement social. Cette maladie peut toucher toute personne, indépendamment de son âge, de son sexe ou de son origine sociale

Bien qu’il n’existe pas de stades officiellement reconnus pour la dépression, le patient peut traverser cinq phases, semblables aux cinq étapes du deuil selon le modèle de Kübler-Ross (2).

Ces phases représentent le processus émotionnel et psychologique que la plupart des personnes traversent face à cette maladie. Naturellement, l’expérience de la dépression diffère d’un individu à l’autre et est influencée par divers facteurs.

Voici les cinq principales étapes de la dépression :

1ère phase : La phase préliminaire ou pré-dépressive :

La première étape de la dépression passe souvent inaperçue, car elle ressemble à une période de grande fatigue ou de stress constant. Le principal concerné ne remarque pas toujours les changements subtils dans son humeur et son comportement.

Cependant, certains signes précurseurs peuvent indiquer l’installation progressive de la dépression (3). Parmi eux, on trouve :

  • Un manque d’intérêt pour les activités habituelles.
  • Une baisse d’énergie.
  • Des difficultés de concentration.
  • Une perte de désir.
  • Des troubles du sommeil.
  • Des modifications de l’appétit.

Le déni est un mécanisme de défense fréquent à ce stade, où les personnes minimisent leurs symptômes, attribuant leur état à une simple fatigue ou à un stress passager. Le stress en lui-même n’est pas néfaste, mais lorsqu’il devient chronique, il épuise l’organisme, affectant le bien-être émotionnel et psychologique.

Cette première étape de la dépression peut durer de trois semaines à plusieurs mois. La majorité des personnes concernées restent souvent aveugles aux signaux d’alerte, continuant leur routine sans percevoir la détérioration progressive de leur enthousiasme, motivation et productivité. Un repérage précoce et une prise en charge thérapeutique sont essentiels pour enrayer la dépression à ce stade.

2ème phase : La phase ascendante de la dépression :

Lors de la phase ascendante de la dépression, les symptômes s’intensifient, impactant profondément le quotidien de la personne sur les plans émotionnel, psychologique et physique. Cette aggravation se traduit par :

  • Une tristesse persistante.
  • Un profond désespoir.
  • Une fatigue extrême.
  • Une perte de plaisir dans les activités appréciées auparavant.

De plus, la concentration devient difficile, la mémoire défaillante, et la culpabilité croissante, entraînant une baisse d’estime de soi.

Les troubles du sommeil persistent, et les comportements alimentaires sont perturbés, pouvant mener à des troubles comme la boulimie ou l’anorexie, avec des variations de poids importantes. Les idées noires se font de plus en plus présentes, parfois jusqu’à des pensées suicidaires.

Cette phase rend les tâches quotidiennes ardues, réduisant l’autonomie et intensifiant la dépendance affective. La personne dépressive fonctionne en mode automatique, détachée du présent, et se sent étrangère à elle-même, peinant à envisager une amélioration de son état. Le vide émotionnel et l’épuisement physique et psychique dominent, rendant difficile l’implication dans la vie professionnelle et personnelle.

3ème phase : La phase aiguë de la dépression :

C’est la phase la plus douloureuse et la plus visible pour les proches, marquée par une détresse psychologique intense nécessitant souvent l’intervention d’un professionnel de santé, voire une hospitalisation pour assurer la sécurité du patient.

Les symptômes atteignent leur paroxysme, rendant les tâches quotidiennes insurmontables. La personne ne peut plus sortir du lit ni travailler, et l’isolement social s’accentue. L’estime de soi disparaît, et la personne se perçoit comme inutile, parfois au point de fantasmer sur le suicide, avec un risque accru de passage à l’acte sans intervention immédiate. Elle peut aussi entrer dans un état de catatonie, ne réagissant plus à son environnement (4).

Une intervention médicale est primordiale à ce stade. Un professionnel de santé mentale doit évaluer la situation, poser un diagnostic et proposer un traitement adapté, qui peut inclure des antidépresseurs et une thérapie comportementale. Certains types de dépression nécessitent des approches spécifiques, comme la thérapie par l’art pour la dépression infantile, ou l’hypnothérapie et la méthode EMDR pour la dépression post-partum.

En cas de danger imminent, l’hospitalisation devient vitale, permettant une surveillance étroite et une stabilisation de l’état du patient grâce à des traitements intensifs.

4ème phase : La phase de rémission de la dépression :

La phase de rémission de la dépression marque un tournant vers la guérison, caractérisée par la prise de conscience et l’acceptation de la maladie. Les symptômes diminuent progressivement, et le patient commence à se rétablir.

Durant cette période, le patient retrouve un intérêt pour les activités autrefois délaissées, tandis que son énergie, sa motivation, et ses désirs augmentent peu à peu. L’équilibre mental et l’humeur se stabilisent, et l’estime de soi refait surface, ouvrant de nouvelles perspectives.

Un suivi médical régulier est essentiel pour consolider cette rémission et prévenir les rechutes. La continuation du traitement, avec des ajustements si nécessaire, permet de maintenir les progrès réalisés. La thérapie comportementale joue un rôle clé en aidant à mieux gérer le stress et les émotions, favorisant ainsi un rétablissement durable.

Cependant, une prise en charge inadéquate peut prolonger cette phase. Se contenter d’un traitement médicamenteux sans soutien thérapeutique ne suffit pas à éradiquer la dépression sur le long terme. Une approche globale, combinant médicaments et thérapie, est essentielle pour éviter les rechutes et favoriser une rémission durable.

5ème phase : La phase de rétablissement de la dépression :

Le stade ultime de la dépression, la phase de rétablissement, se caractérise par la disparition complète des symptômes. Bien que la personne reprenne ses habitudes et ses activités quotidiennes, l’objectif principal est de limiter le risque de rechute.

Le risque de rechute est une réalité pour ceux qui ont vécu un épisode dépressif, d’où l’importance de poursuivre le suivi médical entamé. Prendre conscience de ce risque permet d’éviter de sombrer dans une dépression chronique, marquée par des alternances entre rémissions et rechutes.

Des signes précurseurs, tels que le retour de pensées négatives, une fatigue intense, des troubles du sommeil ou une perte d’intérêt pour les loisirs et les interactions sociales, peuvent indiquer une récurrence de la maladie.

Un suivi médical régulier est essentiel pour ajuster le traitement en fonction de l’état du patient et prévenir les rechutes. La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) aide à analyser et à modifier les comportements et pensées liés à la dépression (5). Traiter les troubles sous-jacents, comme l’anxiété ou le trouble bipolaire, est également crucial.

Enfin, maintenir des relations sociales, une bonne hygiène de vie, et apprendre à gérer le stress sont des stratégies clés pour éloigner la dépression.

La dépression évolue généralement à travers cinq étapes distinctes, où les symptômes s’aggravent progressivement, culminent, puis diminuent lentement. Ce processus peut souvent conduire à des rechutes.

Cependant, il est tout à fait possible de surmonter cette épreuve sans tomber dans le piège de la dépression chronique, grâce à l’accompagnement des proches et à l’intervention des professionnels de la santé.

(1) Cui R. (2015). Editorial: A Systematic Review of Depression. Current neuropharmacology, 13(4), 480. https://doi.org/10.2174/1570159×1304150831123535

(2) Peña-Vargas, C., Armaiz-Peña, G., & Castro-Figueroa, E. (2021). A Biopsychosocial Approach to Grief, Depression, and the Role of Emotional Regulation. Behavioral sciences (Basel, Switzerland), 11(8), 110. https://doi.org/10.3390/bs11080110

(3) Li, X., Zhang, H., Wu, K., Fan, B., Guo, L., Liao, Y., McIntyre, R. S., Wang, W., Liu, Y., Shi, J., Chen, Y., Shen, M., Wang, H., Li, L., Han, X., & Lu, C. (2024). Impact of painful physical symptoms on first-episode major depressive disorder in adults with subthreshold depressive symptoms: A prospective cohort study. General hospital psychiatry, 86, 1–9. https://doi.org/10.1016/j.genhosppsych.2023.11.008

(4) Kriesche, D., Woll, C. F. J., Tschentscher, N., Engel, R. R., & Karch, S. (2023). Neurocognitive deficits in depression: a systematic review of cognitive impairment in the acute and remitted state. European archives of psychiatry and clinical neuroscience, 273(5), 1105–1128. https://doi.org/10.1007/s00406-022-01479-5

(5) Clark, D. A., & Beck, A. T. (2010). Cognitive theory and therapy of anxiety and depression: convergence with neurobiological findings. Trends in cognitive sciences, 14(9), 418–424. https://doi.org/10.1016/j.tics.2010.06.007

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